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CIMVTL21 Keynote: Taking the risk out of graphite

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CIMVTL21 Conférenciers invités : Éliminer les risques associés à l’exploitation du graphite

06 mai 2021

Pour le chef de la direction de Nouveau Monde, la planification, la préparation et son équipe d’experts gardent le projet minier de la société sur les rails

Par Carolyn Gruske

Le développement d’une mine de graphite et d’une installation de traitement au Québec peut paraître risqué, car on construit rarement ce genre d’exploitations ailleurs qu’en Chine. Pourtant, le fondateur, président et chef de la direction de Nouveau Monde Graphite Eric Desaulniers a fait son possible pour mettre toutes les chances du côté de sa société.

« Le moment est opportun et le marché est en plein essor. La croissance prévisionnelle du matériau d’anode en graphite que nous vendons s’annonce supérieure à 1 000 % dans les années à venir. Nous avons de la chance, car nous arrivons sur le marché au bon moment », déclarait-il. « Nous avons en grande partie écarté les risques associés à notre projet. J’ai la lubie d’éliminer les risques associés aux projets à chaque étape. »

M. Desaulniers a inauguré la deuxième journée du CIMVTL21 avec un discours liminaire sur l’histoire de Nouveau Monde et son avenir.

Le projet Matawinie de Nouveau Monde se trouve à Saint-Michel-des-Saints, à 150 kilomètres au nord de Montréal. L’installation de traitement est située près de Bécancour, au Québec.

Actuellement, la société se trouve dans ce qu’elle qualifie de première et deuxième étapes de son plan à trois étapes.

La première étape consiste, dans les termes de M. Desaulniers, à écarter les risques, c’est-à-dire à prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que chaque aspect du projet repose sur une base solide. Il expliquait que d’ici la fin du premier trimestre 2022 (T1 2022), la société produira 2 000 tonnes par an de matériau d’anode, depuis le concentré de graphite en paillettes (ce que produit la mine) jusqu’au produit fini. « Depuis 2018, nous exploitons une usine pilote pour produire du concentré de graphite en paillettes… D’ici la fin de l’année, nous serons totalement intégrés, depuis l’extraction du graphite jusqu’à la production des batteries. »

Il indiquait par ailleurs que l’élimination des risques implique de rencontrer les communautés voisines et d’établir le dialogue avec les résidents locaux.

« Quand on touche à dame Nature, il est primordial de parler aux citoyens. Le paysage et la nature sont extrêmement importants pour tout être humain vivant proche du [site minier]. » Il ajoutait que la société s’était entretenue avec « tous les propriétaires d’un terrain de la région » et « avait parlé à plus de 2 000 citoyens qui souhaitaient nous rencontrer ». Cette approche lui a permis d’atteindre un taux d’approbation de la part des résidents de la région de 83 % pour le projet en 2018, et de 82 % en 2019.

Par ailleurs, ajoutait-il, « nous avons tout mis en œuvre pour que ce projet soit aussi durable que possible ». Pour ce faire, la société a prévu d’intégralement électrifier son site minier en s’équipant de véhicules miniers électriques, de se tourner vers un système de gestion des résidus miniers désulfurés à évacuation mixte reposant sur l’empilage à sec, et de créer des sentiers pour vélos tout-terrain sur une colline d’où les cyclistes pourront observer le site minier.

La société a même conclu un accord avec Olin Produits Chloralcalis, un fournisseur de chlore de Bécancour, dans l’optique, un jour, de se relier à la canalisation d’Olin « afin d’éviter la manipulation de produits dangereux dans la rue et ainsi parvenir à un procédé totalement durable avec eux. Nos matières premières deviennent leurs matières premières, car nous leur rendons de la saumure (de l’eau salée sans impuretés) qu’ils peuvent gérer efficacement ». Durant la première étape, Nouveau Monde effectue son traitement à l’usine d’Olin.

La deuxième étape, qui a lieu en parallèle avec la première, est la phase d’exécution. M. Desaulniers indiquait que la mine serait totalement opérationnelle d’ici la fin de l’année 2023. En outre, la mise en service de l’usine de traitement, qui peut gérer 45 000 tonnes de matériaux d’anode par an, est prévue pour le début de l’année 2025. « La troisième étape est encore à l’état de rêve, elle représente la croissance », indiquait M. Desaulniers. « Nous avons la possibilité de nous développer en Europe et aux États-Unis pour la transformation [du graphite], mais nous pouvons aussi agrandir notre site minier. Nous pouvons développer la ressource. »

D’après M. Desaulniers, le gisement de la zone ouest du site « renferme près de 120 millions de tonnes de ressources, indiquées et mesurées, mais nous n’utilisons que 60 millions de tonnes, à quelques millions près, pour produire 100 000 tonnes par an de concentré de [graphite] en paillettes, sur une durée de vie de la mine estimée à 26 ans, avec une métallurgie exceptionnelle ».

Il expliquait également que la nature modulaire de la conception de l’usine permettrait de facilement construire des installations de traitement similaires dans des régions du monde qui souhaitent consolider leurs chaînes d’approvisionnement locales de manière à ne plus dépendre de matériaux produits en Chine. À ce jour, indiquait M. Desaulniers, les sociétés qui souhaitent produire des batteries lithium-ion pour les véhicules électriques sont obligées de s’approvisionner en Chine pour leur graphite.

Par ailleurs, la société peut développer ses opérations de traitement en ne se reposant pas uniquement sur le graphite qu’elle extrait de ses mines, mais en traitant des matériaux extraits ailleurs et expédiés au Canada. Le fait d’avoir un port à proximité facilite l’importation et l’expédition par bateau de matériaux vers le site.

L’une des choses dont M. Desaulniers est très fier est l’équipe qu’a constituée la société, les recherches qu’elle mène et les partenariats de recherche qu’elle a créés. D’après lui, Nouveau Monde a investi environ 100 millions de dollars dans la recherche et le développement (R & D).

« Notre équipe est idéale. Elle est composée de 70 professionnels dont six titulaires d’un doctorat, 16 ingénieurs et de nombreux diplômés de maîtrise, car nous ne nous contentons pas de créer un site minier. Nous fabriquons également un produit extrêmement important qui est vendu dans une batterie. La R & D est une composante importante de notre société. »

Si Nouveau Monde Graphite mène ses activités au Québec, M. Desaulniers ne considère pas sa société comme fondamentalement québécoise, ni d’ailleurs canadienne.

« Nous avons déposé une demande d’introduction en bourse au New York Stock Exchange (NYSE, la Bourse de New York), car notre société est avant tout nord-américaine. Avec le nouveau gouvernement de Biden et l’intérêt accordé aux États-Unis, nous devons appréhender notre projet comme un projet du monde occidental, et non un projet local. » M. Desaulniers a une vision très réaliste du marché du graphite actuel, et de l’endroit où Nouveau Monde se forgera une réputation. « Nous ne souhaitons pas destituer BTR [New Energy Materials] de toutes les chaînes d’approvisionnement, ni avoir un client unique qui nous demandera chaque année de réduire nos coûts. Nous voulons être le deuxième meilleur fournisseur pour chaque fabricant d’équipement d’origine (FEO) qui a besoin d’éliminer les risques de sa chaîne d’approvisionnement », indiquait-il. « Nous n’avons aucun problème à être le numéro deux partout, car le client aura toujours besoin d’un numéro deux, partout. »

M. Desaulniers espère toutefois que ses clients sauront se montrer patients, même si les projets de la société d’électrifier ses chaînes de production avancent rapidement. Actuellement, les constructeurs automobiles et autres fabricants s’empressent de construire des usines de production de batteries, ce qui va accroître la demande en graphite dans un avenir très proche, expliquait-il.

« Nos clients doivent bien comprendre que, si la construction d’une usine de production de batteries prend moins de deux ans, la construction d’une mine est une autre affaire… Entre la découverte en 2015 et sa mise en service fin 2023, je ne peux pas aller plus vite. Ce sont huit années, et c’est déjà très rapide. Tous mes mentors aînés me disent que si nous y parvenons, cela équivaudra à établir un record du monde. »