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Parlons de diversité, d'équité et d'inclusion

18 février 2022

« Si vous voulez attirer des personnes dans l’industrie minière, montrez-vous accueillants ». C’est un précepte que j’aime utiliser, et que l’on pourrait également appliquer aux nouvelles technologies ou idées. Si seulement les choses étaient aussi simples…

Le 26 janvier 2022, l’ICM a organisé deux événements distincts. Le premier, intitulé What will it take to keep women in mining? (comment préserver les femmes dans le secteur minier), était organisé par le groupe de discussion de la société de la gestion et de l’économie (SGE) de l’ICM. Je faisais partie du public et peux donc attester à quel point les conférenciers étaient exceptionnels. Plus tard dans la soirée, le comité consultatif pour la diversité et l’inclusion de l’ICM avait organisé un débat public intitulé How Do You D&I? (et vous, comment envisagez-vous la D&I ?). En tant que modérateur de ce séminaire Web, j’étais impatient d’animer un débat important et d’écouter les points de vue d’un excellent groupe d’intervenants que nous avions réunis de Cameco, Vale, Sherritt et l’ICM.

Malheureusement, ces deux événements ont été la cible de pirates informatiques, qui ont proféré des insultes dans les enceintes, écrit des messages répugnants et publié des vidéos perturbantes. Les deux événements ont été brutalement interrompus. Nous prévoyons toutefois de les réorganiser à une date ultérieure (cette fois-ci en mettant en œuvre des mesures de sécurité informatique plus rigoureuses).

Après ces événements, plusieurs personnes m’ont adressé, à moi ainsi qu’à d’autres personnes, des courriels et des messages. J’ai lu des réactions à propos de cet incident sur Linkedin et Twitter. Elles émanaient de participants, mais également de personnes qui en avaient entendu parler par des amis ou des collègues. Les avis étaient aussi variés que le nombre d’invités présents au débat public. Certains trouvaient les pirates puérils, d’autres avouaient s’être sentis mal à l’aise. Bon nombre de personnes, moi le premier, ont été fortement affectées. Certains ont fait référence à la tuerie de l’École polytechnique de 1989. D’autres ont mentionné l’attaque par voiture-bélier d’une famille musulmane à London, en Ontario, ou encore les traumatismes éveillés par la découverte des restes d’enfants dans les pensionnats indiens canadiens. Malheureusement, les exemples de crimes haineux commis à l’encontre de communautés marginalisées, au Canada comme ailleurs, sont légion. Certaines personnes se sont remémoré des événements tragiques qu’elles ont vécus personnellement, récemment ou dans le passé. Tous les sentiments et émotions que ces événements ont déclenchés sont fondés.

Je participe depuis des années à des activités promouvant la diversité et l’inclusion (D&I) ou la diversité, l’équité et l’inclusion (DE&I). Je fais partie des membres fondateurs du comité consultatif pour la diversité et l’inclusion (DIAC) de l’ICM et des initiatives de Sherritt dans ce domaine. J’organise des séries de diffusion sur le Web pour Sherritt, intitulées Bits & Bytes, au cours desquelles j’essaie d’offrir une tribune à des intervenants tels que Kelly Bron Johnson sur des thèmes relatifs à la neurodiversité dans l’industrie minière. En tant qu’homme blanc cisgenre travaillant dans ce secteur, on me demande souvent pourquoi j’attache une telle importance à cette cause, pourquoi j’y consacre autant de temps. Je dois reconnaître que je ne suis personnellement pas confronté aux épreuves que subissent les minorités visibles. Je ne peux que compatir face aux discriminations et aux persécutions dont sont victimes les communautés marginalisées dans notre société. J’entretiens toutefois une relation particulière avec cette cause. Au début du XXe siècle, mes grands-parents maternels ont fui les pogroms d’Europe de l’Est et ont immigré à Montréal où ils se sont rencontrés, puis mariés. Enfant, je me souviens des nombreuses fois où les enfants du quartier suivaient mon grand-père dans la rue et lui criaient des injures. À aucun moment ils ne considéraient que cette personne qu’ils agressaient était juste, attentionnée et essayait tout simplement de joindre les deux bouts. Pour eux, il n’était que la représentation mentale de la différence. Je pourrais citer une multitude d’autres incidents similaires qui me décourageaient. Je me souviens aussi des hypothèses infondées à l’égard de ma grand-mère. Elle arrivait de Minsk et avait tout d’une réfugiée venue d’Europe. Elle a toujours gardé cette apparence, qui la différenciait des gens de la région.

En ce qui me concerne, il n’est pas flagrant que je suis issu d’une minorité visible. Je me considère comme faisant partie d’une minorité, pas réellement visible, mais qui se fond dans la masse. Au fil des ans, j’ai entendu beaucoup de remarques désobligeantes de la part de personnes qui ne connaissent pas mes origines ethniques. Cela m’a donné une idée du regard que certains portent sur ceux qu’ils considèrent comme « les autres ». La plupart des gens que je rencontre sont aimables et chaleureux. Mais il est décourageant de constater qu’une petite partie de la population a des préjugés, et est prête à nous faire du mal, à ma famille et à moi.

Quand j’ai lu l’histoire de ce chocolatier de Nouvelle-Écosse (et de sa famille), arrivé au Canada comme réfugié syrien et qui est désormais un homme d’affaires accompli et un citoyen canadien, j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai aussi entendu parler de cette histoire édifiante du propriétaire de Paramount Fine Foods, qui s’était enfui du Liban adolescent, et à qui a été décernée la médaille de l’Ordre du Canada. Nous pouvons tous nommer plusieurs grands hommes et grandes femmes qui ont apporté leur contribution au tissu social du Canada. Récemment, j’ai vu à la télévision une histoire qui m’a fait chaud au cœur. Un groupe de jeunes filles ayant fui l’Afghanistan construisent aujourd’hui des forts de neige à Saskatoon. Leur seul désir est de pouvoir suivre une éducation et de réussir dans la vie. Ces jeunes filles pourraient bien, un jour, vouloir travailler dans notre industrie. Espérons-le, elles pourront y trouver un emploi où elles seront accueillies à bras ouverts et acceptées. Cela m’attriste que certaines personnes soient dénigrées sans autre fondement que leur genre, leur race, leur ethnie, leur orientation sexuelle, leur classe sociale, leur religion, leur handicap, leurs croyances, leur façon de penser, ou toute autre expression individuelle. Pour moi, ces choix sont profondément personnels.

Ce qui me ramène aux événements malheureux du 26 janvier. J’étais furieux, contrarié. L’ICM est une organisation qui repose sur la participation de bénévoles. Beaucoup de personnes sacrifient leur temps libre pour organiser et participer à ses activités, pour organiser et participer à nos événements. Nous sommes une communauté passionnée par de nombreux aspects de l’exploitation minière, depuis les résidus jusqu’aux questions d’environnement, de santé et de sécurité (ESS), ou encore par l’avancement des initiatives en matière de diversité, d’équité et d’inclusion. Il est injuste que de petits groupes de pirates informatiques viennent perturber ces événements. Les personnes qui y participaient, tout comme l’industrie minière, se sont sentis profondément attaqués.

Il y a quelques années, une amie géologue avait publié quelque chose sur les réseaux sociaux à propos du mouvement #MeToo dans le contexte du monde minier. Elle parlait de son expérience personnelle dans un camp d’exploration. Les premières réactions avaient été négatives. Je me souviens avoir été troublé, mais pas surpris. Il est facile d’être un troll ou un pirate informatique quand on peut se dissimuler derrière un écran d’ordinateur. Mais quelque chose de merveilleux et de puissant s’était alors produit. Des centaines de personnes étaient intervenues et avaient partagé des expériences similaires. Ces personnes se sont soutenues et unies face aux attaques, et ont rapidement étouffé les trolls et la négativité. C’est rassurant. Certes, je ne suis pas une femme géologue et ce genre de choses ne m’arrivera jamais. Je ne pourrai jamais ressentir sa douleur. Mais je peux faire mon possible pour m’éduquer, pour compatir, et pour aider à ce que ce genre d’incidents ne se reproduise plus à l’avenir.

Ces pirates ne me décourageront pas, et je reste engagé à 100 % dans cette cause. Je suis plus enthousiaste que jamais à l’idée de reprendre ces conversations passionnantes avec vous lors de nos prochaines rencontres.

Nathan M. Stubina, vice-président à la technologie, Sherritt International