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Challenging perceptions to make tough decisions

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Déconstruire les idées reçues pour prendre des décisions difficiles

01 janvier 0001

 

Le discours d’ouverture et la séance plénière du congrès CIMBC22 s’intéressent à la façon dont les sociétés minières doivent reconnaître et modifier leur état d’esprit afin de mieux s’adapter à l’évolution constante de l’industrie

par Matthew Parizot

Le lundi 2 mai au matin, les 930 visiteurs du Palais des congrès de Vancouver se sont installés dans la salle de bal C pour prendre part au discours d’ouverture et à la séance plénière du congrès et salon commercial l’Expo de l’ICM 2022. C’est le premier congrès de l’ICM qui se tient à Vancouver depuis 2019, et le premier qui a lieu en personne depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Le congrès a débuté par une représentation de la troupe Eagle Song Dancers. Le président et directeur général de Teck Don Lindsay et le président de l’ICM Pierre Julien ont ensuite pris la parole et ont présenté le conférencier principal, Beau Lotto. Fondateur et directeur général de Lab of Misfits/Lab of Misfits AR, le Dr Lotto est professeur en neurosciences, auteur et expert en perception. Il aide les sociétés à changer leurs perspectives et à s’ouvrir à de nouvelles idées et de nouvelles possibilités.

Le discours d’ouverture du Dr Lotto portait sur le cerveau et la façon dont il utilise l’histoire, les suppositions et les préjugés dans la perception du monde qui l’entoure. Ce mécanisme remonte aux premières espèces humaines, qui développaient l’intelligence pour échapper à leurs prédateurs et rester en vie. Si les humains n’ont plus à se soucier des prédateurs sauvages dans la nature, nos cerveaux fonctionnent toujours à peu près de la même manière. Nous utilisons des expériences et des traditions antérieures pour informer notre perception actuelle de la réalité.

« Le passé nous offre une grande valeur. Nous partons du principe que si une chose a fonctionné dans le passé, elle fonctionnera de nouveau », déclarait le Dr Lotto. « Si la tradition ancrée dans le passé nous offre des informations, elle nous tend aussi des pièges. »

En mêlant humour, illusions et informations précieuses, le Dr Lotto a montré au public en quoi leur cerveau créait des suppositions et prenait des décisions sans en faire le choix consciemment. Ainsi, lorsqu’on est contraint de prendre une décision, on a tendance à se tourner vers des options qui ont fait leurs preuves dans le passé.

« Dans des moments de peur et d’incertitude, l’une de nos meilleures stratégies est l’inertie, comme une biche aveuglée par des phares. On lutte face au mouvement pour rester immobiles. On s’invente des arguments pour justifier notre immobilité. On choisit de rester en place. »

Concernant la manière de prendre des décisions plus informées, le Dr Lotto nous suggérait plusieurs choses, et proposait notamment de découvrir plus avant les perceptions visant à augmenter ce qu’il appelle notre « intelligence perceptive ». En apprenant à reconnaître nos préjugés et suppositions ainsi que ceux des autres, nous ouvrons des voies qui n’existaient pas auparavant.

« L’intelligence perceptive est un moteur exceptionnel d’humilité, et la créativité commence par l’humilité », expliquait le Dr Lotto.

La séance plénière a suivi le discours d’ouverture du Dr Lotto. Intitulée Future Needs of the Industry (les besoins futurs de l’industrie), le débat était composé d’experts de divers secteurs axés ou non sur l’industrie minière, qui nous ont offert leur vision prospective des besoins de l’industrie et de la direction qu’elle prend. Présidé par Doris Hiam-Galvez, conseillère supérieure à Hatch, le débat comptait parmi ses conférenciers M. Lindsay, le Dr Lotto, le vice-président et directeur technique de Newmont Dean Gehring, la responsable de la transition énergétique et de la durabilité de Google Cloud Trinity Lloyd, et le président et directeur général de Wheaton Precious Metals Randy Smallwood.

Le débat a commencé sur une question concernant les plus grands obstacles à l’investissement que rencontre le Canada. D’après M. Lindsay, « le plus gros problème est d’instaurer la confiance et de déterminer la prévisibilité autour des règles et des réglementations relatives à l’obtention du permis d’exploiter. Nous avons eu de nombreux exemples au sein de notre société et dans notre portefeuille où nous avons investi pendant des années, et sommes parvenus à surmonter les obstacles avec succès. Malgré tout, nous avons obtenu une réponse négative ».

Lindsay a également répondu à une question du public concernant la faisabilité des stratégies de neutralité carbone pour les sociétés minières, en expliquant les différences entre les émissions de champs d’application 1, 2 et 3. Dans sa réponse, il révélait que Teck cherche à parvenir d’ici 2025 à la neutralité carbone pour ses émissions de champ d’application 2, mais pourrait bien atteindre cet objectif dans l’année.

Lorsqu’on lui a demandé ce qui faisait du Canada un territoire de premier choix pour le développement des ressources, M. Smallwood a pris l’exemple d’une exploitation de cobalt près de la baie de Voisey dans laquelle Wheaton avait investi, expliquant que la possibilité pour les sociétés de connaître la provenance des minéraux en faisait un produit plus attrayant.

« Il suffit d’observer le reste du monde pour se rendre compte que le Canada a tous les atouts en main pour montrer la voie », indiquait M. Smallwood. « [Nous devons] reconnaître qu’en tant que nation, notre facteur de différenciation, notre avantage sur les autres territoires réside dans le fait que nous disposons d’une grande richesse en termes de ressources. Cela ne signifie pas que nous les exploitons, mais que nous savons les gérer. »

Quand on lui a demandé comment l’industrie minière pouvait tirer parti des données pour orienter sa transition vers l’énergie verte, Mme Lloyd suggérait que le secteur minier prenne exemple sur les secteurs de l’énergie afin de comprendre les problèmes qu’il pourrait rencontrer pendant sa transition vers l’énergie renouvelable. Elle proposait qu’il observe en quoi les données peuvent aider à trouver des solutions à certaines des questions qui surviendront.

« Nous assistons à cette [transition] dans le domaine de l’énergie. Si les données n’ont pas de valeur en tant que telles, les informations et le contexte en ont. Il faut envisager les organisations globalement, puis notre organisation en interne, et se pencher sur nos partenariats. Ces éléments fondamentaux doivent nous inciter à rassembler des données qui, prises séparément, n’ont pas de valeur, et à déterminer la pièce du puzzle qui nous aidera à résoudre ces problèmes, à envisager l’avenir de notre organisation et l’avenir de notre industrie », indiquait Mme Lloyd.

Gehring s’est exprimé sur le degré de préparation de l’industrie en termes de compétences. Il expliquait en quoi l’évolution constante du monde et les différents enjeux que rencontrent les sociétés appellent à une plus grande diversité en termes de réflexion et de compétences qu’auparavant.

« Nous avons tendance à prendre des informations complexes et à les condenser en une estimation ponctuelle. Nous le faisons constamment », indiquait M. Gehring. « Nous devons apprendre à nous sentir plus à l’aise face à l’éventail de possibilités qui s’offrent à nous. Dans un monde qui devient toujours plus complexe, ce n’est pas en mettant en pratique cette solution ponctuelle comme nous le faisons depuis des siècles que nous allons obtenir les réponses que nous recherchons. Nous avons besoin de personnes qui pensent différemment et qui sont conscientes de toute la gamme de possibilités qui existent. »