Elle Crosby | Traduit par Karen Rolland - 22 novembre 2017
Le président du CRSNG, Mario B. Pinto, accueille les participants du 11th International Gender Summit (GS11), qui s'est tenu du 6 au 8 novembre dernier à Montréal, pour parler diversité et inclusion dans les milieux universitaires, de l'industrie et du gouvernement. Avec l'aimable autorisation de Martin Lipman
Le 11th International Gender Summit (GS11, le 11e sommet international dédié à l'égalité entre hommes et femmes), qui s'est tenu du 6 au 8 novembre dernier à Montréal, visait à engager un dialogue plurilatéral sur les questions liées à l'équilibre entre hommes et femmes dans les milieux des sciences, de l'industrie et du gouvernement. On observe des déséquilibres entre hommes et femmes dans de nombreux secteurs, mais l'industrie minière fait partie de celles qui accusent des écarts considérables entre les deux sexes.
En 2013, Women in Mining (Royaume-Uni) et PricewaterhouseCoopers (PwC) publiaient un rapport (uniquement disponible en anglais) sur les tendances en termes de représentation des femmes aux postes de haute direction dans l'industrie minière ; ce rapport indiquait que le nombre de femmes siégeant aux conseils d'administration de cette industrie est plus bas que dans toute autre industrie. Sur les 500 sociétés minières cotées en bourse à l'échelle mondiale, seulement 5 % des sièges des conseils d'administration sont occupés par des femmes.
Le rapport indique également que les marges de profit des sociétés minières ayant des femmes au sein de leurs conseils d'administration sont plus élevées.
Pourtant, quatre années plus tard, les sociétés minières restent bien à la traîne par rapport aux autres sociétés cotées à la bourse TSX en matière d'intégration des femmes au sein de leurs conseils d'administration et aux postes de haute direction. C'est ce que montre un rapport d'Osler, Hoskin & Harcourt LLP publié en octobre dernier.
Ce problème s'explique en partie par le fait que terriblement peu de femmes se lancent dans une carrière dans ce domaine. Au Canada par exemple, les femmes ne représentent que 13 % des ingénieurs des mines.
Comment expliquer que l'industrie minière a tant de mal à recruter et à maintenir les femmes en poste ? Mario Pinto, président du conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et co-organisateur du Gender Summit cette année, pense détenir la réponse.
« Les femmes veulent généralement faire changer les choses », déclarait M. Pinto. « S'il s'agit d'un moteur de décision pour elles, comment peut-on rendre le secteur minier plus attirant à leurs yeux ? »
« Aujourd'hui, on appréhende mieux la question de la pollution environnante, et cette prise de conscience est l'occasion idéale d'embaucher des femmes. Si l'on souhaite décontaminer un site minier, il faudra [concevoir] les outils pour le faire, ce qui intéressera les femmes car elles se préoccupent généralement du sort de la planète. Il suffit de présenter les choses différemment », poursuivait M. Pinto.
Catherine Morency, conférencière au Gender Summit et professeure du département de génie civil, géologie appliquée et génie minier de l'école polytechnique de Montréal, se fait l'écho des opinions de M. Pinto. « D'après ce que j'ai pu constater, on attire davantage les femmes si l'on a une interaction avec les gens, si l'on œuvre à améliorer la qualité de vie, si l'on est conscient de l'impact collectif », expliquait Mme Morency.
Certaines études viennent soutenir ces opinions. Elizabeth Cannon, présidente de l'université de Calgary et conférencière au Gender Summit, fait partie des femmes mises à l'honneur dans le dernier ouvrage de l'ICM, Women of Innovation: The Impact of Leading Engineers in Canada (version française en cours de traduction), qui retrace le parcours de 20 femmes s'inscrivant parmi les ingénieures les plus qualifiées du Canada. Dans cet ouvrage, elle parle des recherches qu'elle a menées dans les années 1990 dans l'espoir de comprendre la raison de la sous-représentation des femmes dans le domaine du génie.
« L'une des études, qui reflétait totalement ma pensée, montrait que les femmes désiraient tout autant que les hommes mener des carrières stimulantes ; de fait, elles étaient même prêtes à travailler plus dur que les hommes interrogés. Toutefois, elles avaient besoin de lier cet effort à une valeur qui leur était chère », expliquait Mme Cannon.
De plus en plus d'innovations dans le secteur minier concernent l'atténuation de l'impact négatif des activités sur l'environnement. Nous devrions donc essayer de trouver de nouvelles manières de « vendre » l'exploitation minière en la présentant comme un secteur ouvert prenant très à cœur les questions de durabilité, et ainsi attirer dans notre industrie des femmes aux talents multiples orientées sur les objectifs.